Maryse Condé, la vibrante
Nom :
Maryse Liliane Appoline Boucolon.
Nom d’usage :
Maryse Condé
Naissance :
Le 11 février 1937.
Lieu :
Pointe-à-Pitre – Guadeloupe.
Signe astrologique :
Verseau.
Métiers :
Auteur, professeur, notamment à l’université Columbia, journaliste pour la BBC Afrique, traductrice et animatrice à la radio RFI.
Signe particulier :
L’authenticité : Ce qu’elle dit, « La principale raison qui explique que j’ai tant tardé à écrire, c’est que j’étais si occupée à vivre douloureusement que je n’avais de loisir pour rien d’autre ».
Une vie :
Née dans une famille de 8 enfants, Maryse naquit avec une cuillère en argent dans la bouche.
Ses parents, issus de la petite bourgeoisie guadeloupéenne, sont ce que l’on appelait des « Grands-Nègres ».
Des bourgeois fiers et conscients de leur éclat social et qui éprouvaient une profonde indifférence pour la « plèbe ».
Maryse Condé est volontairement élevée et maintenue à l’écart des éléments constitutifs de sa culture Créole.
Elle ne parle pas la langue, n’a aucune connaissance des traditions de son île,… Même la nourriture locale, qu’elle juge de haut, est déconsidérée.
C’est dans ce conditionnement que Maryse arrive à seize ans à Paris pour y entamer des études supérieures.
Lycée Fénelon, La Sorbonne, Hypokhâgne,…
Dans la ville Lumière, Maryse découvre le racisme et par effet de « retour de bâton », se rend compte de sa spécificité.
Elle se plonge alors dans la lecture de l’ouvrage « Rue Case Nègres » de Joseph Zobel pour embrasser ce qu’elle n’a pas connue.
C’est une révélation.
Elle comprend ce qu’a été l’esclavage, ce qu’est le colonialisme et l’aliénation dont ses parents sont victimes.
En 1959, elle épouse Mamadou Condé un acteur guinéen. Le couple ne s’accordera sur rien.
Elle entame dans la foulée ses voyages et c’est au Sénégal qu’elle rencontre Richard Philcox qui deviendra son second mari.
En 1976, elle publiera son premier roman : « Heremakhonon » qui signifie en malinké « En attendant le bonheur ». Le livre sera primé en 2018.
Suivra son grand succès, le roman « Ségou », un best-seller sorti en 1984, et de nombreux autres ouvrages dont « Moi, Tituba Sorcière » qui recevra le grand prix littéraire de la Femme.
En 1999, c’est le livre le « Cœur à rire et à pleurer » qui reçoit le prix Marguerite Yourecenar.
Aujourd’hui, Maryse Condé vit près d’Avignon à Gordes.
Elle a à son actif plus de 30 romans, une dizaine de pièces de théâtre et de nombreux essais.
En 2018, elle est auréolée du prix de littérature de la nouvelle académie, le Nobel alternatif.
Maryse Condé, pourquoi elle ?
Après la lecture du livre « Tant que je serai noire » de Maya Angelou, je ne m’attendais plus à être éprise par un autre récit.
Avec Maya, j’avais eu mon lot.
Je n’avais plus besoin d’une autre amazone.
Maya Angelou m’avait TOUT donné et accepter plus, aurait été inconvenant.
J’étais satisfaite comme une femme qui, après une nuit d’amour avec son amant, est assouvie.
Et voilà que je tombe sur le destin aussi vibrant que celui de l’intense afro-américaine Maya Angelou.
Maryse Condé, elle, est francophone : Je suis Afropéenne, je me suis donc laissée prendre.
Son histoire m’a transportée comme si je me retrouvais dans un manège lancé à grande vitesse.
Tantôt tragique, tantôt grisant, son histoire est un
vrai labyrinthe.
Une aventure dont on se demande : « Mais comment tout cela va-t-il finir ?
À chaque instant, je me demandais :
Que va-t-elle faire ?
Que va-t-elle décider ?
Qui va-t-elle choisir ?
La vie de Maryse est une aventure ponctuée de péripéties.
Une vie menée en France et en Afrique.
Mon Afrique !
L’Afrique post-coloniale, l’Afrique effervescente, pleine de fougue, d’espoir et d’idéal.
L'Afrique ambiguë
« La Vie sans fards » quel est le contenu de ce livre ?
C’est une auto-biographie, un ouvrage qui mêle la petite à la grande histoire.
Il est déjà plaisant de lire un livre qui nous soulève et nous emmène loin de notre cadre.
Il est d’autant plus, quand ce livre nous éclaire sur l’histoire de certains pays.
Je savais que Maryse Condé était aguerrie à l’exercice après avoir conté avec brio l’histoire du peuple Peul et Bambara dans son livre Ségou.
Avec « La Vie Sans Fards », je découvre le Ghana du lumineux et panafricaniste Kwamé Nkrumah.
J’entrevois la vision du charismatique Sékou Touré pour la Guinée.
Je hume les rues de Dakar.
Je traverse la ville de Bingerville en Côte d’Ivoire, tout en me retrouvant quelques pages suivantes au Benin.
l’Afrique que nous dévoile Maryse Condé, est une Afrique équivoque et impénétrable.
L’illusion était belle.
Aimé Césaire, l’un des chantres de la négritude aura beau vanter les louanges de l’unité de tous les peuples à la peau brune, la mystification ne fonctionnera pas pour Maryse.
Il y a un hiatus entre la rhétorique et le réel.
Ce sera le début de l’amertume et de la frustration. Née aisée et cultivée, sa vie aurait dû couler de source. Dans l’ordre des choses, le début de son existence aurait dû s’étirer sous ses pas comme un tapis de velours.
Rien de tout cela n’arrivera, une vie rugueuse l’attend :
Un mariage sans amour, un viol, des passions empoisonnées, une carrière en dents de scies,…
Son existence est un défi.
Néanmoins, elle avance, elle « s’apprend », se polit.
Elle s’affûte.
Elle rencontre des personnalités, des personnages illustres, des anonymes qui l’accompagneront pour jalonner sa vie de lumières et de souffrances.
L’Afrique deviendra pourtant le terrain idéal à la fertilisation de Maryse, qui apprendra à ses dépens l’humilité.
En Afrique, Maryse se densifie, se forme, elle s’affranchit.
Ses contours se dessinent pour créer un caractère
décidé et affirmé.
Elle apprend à devenir ELLE.
Maryse Condé, une femme ordinaire
devenue lumière.
Ce qu'elle nous apprend :
Où que tu sois, fais ce que tu peux.
« La Vie Sans Fards » nous enseigne l’art de l’accommodation.
Il ne s’agit pas d’emprunter une posture de femme résignée qui accepte dans l’apathie tout ce qui arrive en se laissant gangrener par l’infortune.
Il s’agit de se « fondre » aux situations tel un caméléon.
Non pas pour se camoufler, mais pour faire corps avec l’environnement hostile afin d’en maîtriser les codes et pouvoir développer des moyens de communication favorables.
Autrement dit, c’est aller dans le sens du vent, même s’il est turbulent, pour y puiser les éléments propices à un nouvel élan.
Maryse et ses citations les plus mémorables :
Elle a dit :
« Pour être en paix avec soi-même, il faut s’accepter comme si l’on était le fondement et la naissance de tout »
« Vous voyez, c’est comme si vous ne deviez jamais franchir une barrière. Alors qu’en fait, VIVRE, c’est traverser une barrière. »
« Le problème principal des femmes est que, trop souvent, elles n’ont pas confiance en elles. Elles pensent qu’elles sont là pour nourrir leur mari, faire l’amour avec lui, baigner les enfants, leur raconter des histoires, mais elles ne pensent pas qu’elles ont en elles des tas de choses à dire ».
La Vie Sans Fards extrait :
Le 26 février.
…Les portières claquèrent, une douzaine de policiers se ruèrent en avant et s’approchèrent de moi.
L’un d’entre eux, visiblement le chef, gros, courtaud, coiffé d’une casquette plate, ouvrit une chemise, en tira un imprimé et me demanda cérémonieusement :
– « Vous êtes Maryse Condé, née le 11 février 19** de nationalité guinéenne ? »
J’allais rectifier que j’étais née en Guadeloupe, et par conséquent de nationalité française quand me revint à l’esprit que je possédais un passeport guinéen.
J’acquiesçai donc.
– « Au nom du gouvernement provisoire de la république du Ghana, je vous arrête ! Poursuivit l’officier de police. »
– « Pourquoi ? Bredouillais-je ahurie. »
Sans me répondre, il fit un signe à ses acolytes qui vite fait, bien fait, me menottèrent, m’entravèrent les deux jambes et me traînèrent sans ménagement vers le fourgon.
Là dessus, les enfants se mirent à hurler et c’est dans cette complète cacophonie que les voitures démarrèrent.
– « Va dire à Kwame que j’ai été arrêtée ! »
Eus-je le temps de hurler à Adeeza, estomaquée, surgie sur la galerie.
…
Va-t-elle être enfermée dans une geôle ghanéenne ou remise en liberté ?
À vous de le découvrir, de poursuivre cette passionnante lecture dans le Livre de Maryse Condé « La Vie Sans Fards ».
« La Vie Sans Fards » un livre à découvrir. Une histoire palpitante et prenante.
Un récit qui nous informe sur ce que furent certains pays africains en proie à la liberté.
Une femme obstinée qui nous montre sans artifices ce qu’elle est dans sa strict nature.
Un ouvrage qui nous ouvre les portes des intellectuels africains et antillais de la première heure.
Ceux qui ont forgé les principes fondamentaux d’une vision de la nouvelle Afrique.
« La Vie Sans Fards » est un livre multiple dans lequel on se laisse tranquillement embarquer.sur